Les échos du Loriot
Le podcast qui donne la parole aux passionnés de nature de tous horizons !
Ce podcast présente des traductions françaises d'interviews réalisées avec des journalistes, scientifiques et naturalistes qui parlent anglais ou japonais.
Découvrez ou redécouvrez des animaux, des plantes, et des problématiques de l'écologie, à travers de nouveaux points de vue !
Les échos du Loriot
06 - Les pics, charpentiers de la forêt (1/2) avec Marco Basile
Marco Basile, chercheur spécialiste des écosystèmes forestiers, nous parle des pics et de leurs adaptations à un mode de vie très particulier qui implique de marteler l'écorce des arbres.
Crédits :
- Musique "Sunday Coffee" de Rebecca Mardal.
- Illustrations par Rohith W.
- Avec la voix de Robin Grimaldi.
Les Échos du Loriot, le podcast qui donne la parole aux passionnés de nature de tous horizons !
Épisode 06
Geoffrey
Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode des Échos du Loriot. Aujourd’hui, on va commencer une nouvelle interview pour discuter des pics, une famille d’oiseaux bien connus pour marteler les troncs d’arbres avec leur bec. Ce sont des oiseaux qu’on entend plus qu’on ne les voit, et leur mode de vie si particulier leur donne un rôle central dans le fonctionnement des forêts.
Pour en discuter, on va rencontrer Marco Basile, un chercheur en écologie qui travaille en Suisse et qui se spécialise sur les écosystèmes forestiers. Il a étudié le rôle des pics dans le fonctionnement des forêts, ainsi que l’impact des pratiques de foresterie sur la biodiversité.
Comme pour nos épisodes précédents, l’interview a été réalisée en anglais, et c’est une version traduite en français que vous allez entendre. Le doublage français de notre invité est assuré par Robin Grimaldi.
Je vous propose de nous mettre en route pour rejoindre Marco au fin fond de la forêt !
Transition
Geoffrey
– Bonjour Marco ! Merci d’avoir accepté de m’accorder un peu de temps pour une interview.
Marco
– Bonjour Geoffrey ! Aucun problème, je suis toujours ravi de parler de mes recherches.
Geoffrey
– Comme je l’ai dit en introduction, vous êtes un chercheur en écologie spécialiste des écosystèmes forestiers. Mais avant de rentrer dans le vif du sujet, est-ce que vous pourriez commencer par vous présenter brièvement ? En nous parlant de votre parcours, et de votre travail actuel.
Marco
– Je suis Marco Basile, chercheur spécialiste des écosystèmes forestiers. Je m’intéresse à la nature depuis… En fait, je m’y suis toujours intéressé, d’aussi loin que je me souvienne. Il y a une anecdote que ma mère ne manque jamais de me rappeler : je devais avoir 4 ou 5 ans, et j’étais en train de regarder un documentaire sur les dinosaures à la télé. Apparemment j’ai déclaré avec aplomb que je voulais devenir comme le monsieur dans le documentaire, alors ma mère m’a répondu que j’allais devoir étudier les sciences naturelles pour y arriver.
Geoffrey
– Ah oui, donc vous étiez déjà sur la voie depuis longtemps ! J’ai l’impression que les dinosaures attirent souvent l’intérêt des enfants, et ils peuvent être une bonne porte d’entrée à la biologie.
Marco
– C’est vrai. En fait, j’étais un de ces enfants qui peut vous réciter le nom de tous les dinosaures.
Geoffrey
– Ah oui ! J’en connais des comme ça !
Marco
– Et puis, c’est drôle quand on y pense, parce qu’en termes de parenté phylogénétique, les oiseaux sont les descendants des dinosaures. On peut même dire qu’ils sont des dinosaures.
Geoffrey
– Ah oui, on dit souvent que les oiseaux sont les dinosaures modernes.
Marco
– Exactement, donc on peut dire que la boucle est bouclée puisque je me retrouve à travailler sur les oiseaux.
Geoffrey
– Oui, c’est vrai !
Marco
– En tout cas, j’ai fait mes études à Rome, et j’ai ensuite obtenu un doctorat en Allemagne. Durant ces années, je me suis de plus en plus spécialisé sur l’étude de la biodiversité forestière. Aujourd’hui, je travaille dans un institut de recherche en Suisse, le WSL, ce qui est un acronyme allemand pour dire “recherche sur la forêt, la neige et le paysage”. C’est un organisme d’état qui a longtemps concentré ses activités sur l’exploitation forestière, et puis ils ont élargi leur expertise avec des recherches plus focalisées sur la biodiversité.
Geoffrey
– Je vois, c’est peut-être aussi parce que la compréhension des écosystèmes a évolué, et qu’ils ont réalisé qu’on ne peut pas exploiter une forêt sans comprendre sa biodiversité.
Marco
– Tout à fait. De nos jours, c’est devenu impossible de faire de la recherche en foresterie sans prendre en compte la biodiversité. La plupart des lois européennes sur l’exploitation forestière exigent un certain niveau de respect de l’environnement, donc aujourd’hui, on parle d’une “foresterie à objectifs multiples”. Le but n’est plus seulement de produire du bois à usage commercial, il faut aussi assurer une certaine qualité d’habitat pour la biodiversité forestière.
Geoffrey
– Et donc, vos recherches se focalisent sur les oiseaux forestiers ?
Marco
– Oui, j’étudie principalement les oiseaux, mais aussi d’autres animaux dont le mode de vie peut entraîner certains conflits avec les activités humaines et la gestion forestière, comme les insectes qui s’attaquent aux arbres.
Geoffrey
– Je vois. En fait, quand on y pense, il y a aujourd’hui très peu d’écosystèmes dans les pays occidentaux qui ne sont pas soumis à une forme de gestion par les humains, même dans les réserves naturelles.
Marco
– C’est vrai. Dans les réserves naturelles, on essaie tout de même de limiter les interventions au minimum, ce qui implique juste d’abattre les arbres qui peuvent causer des accidents le long des sentiers. Mais il y a certaines situations qui exigent des interventions plus impactantes, notamment ce qu’on appelle la “coupe de récupération”.
Geoffrey
– Ah oui, c’est un sujet central de vos recherches, et on va en reparler plus tard,, mais avant ça, est-ce que vous pourriez décrire à nos auditeurices l’environnement dans lequel on se trouve ? Vous avez choisi de faire cette interview dans une forêt bien particulière.
Marco
– C’est vrai, on est actuellement dans une forêt de montagne où j’ai effectué des recherches au printemps 2024. Avec d’autres collègues, notre but était d’étudier la population de pics tridactyles, c’est une espèce rare de pic qui vit essentiellement dans les forêts de conifères. On le trouve dans les Alpes sous nos latitudes, mais aussi plus près du niveau de la mer dans des pays plus nordiques comme la Finlande ou la Russie. Cet oiseau est un peu particulier pour les passionnés d’ornithologie car il est assez rare d’en voir un, et sa distribution peut être très éparse. J’ai passé pas mal de temps dans les forêts d’épicéas des Dolomites, dans les Alpes italiennes, près de la frontière autrichienne, et cette région offre un paysage idéal, avec des vallées verdoyantes parsemées de “taches brunes”. Ces taches sont en fait des zones qui concentrent des arbres morts. Il n’y en a souvent qu’une dizaine, parfois jusqu’à 70 ou 80, mais c’est souvent dans ces petites zones éparses qu’on entend les cris des pics, car ils y viennent pour se régaler de tous les insectes attirés par le bois mort. Et le pic tridactyle peut être très abondant dans ces zones. En fait, il est censé être l’un des pics les plus rares, mais lors de notre étude dans cette région, il était bien plus courant que les autres espèces de pics.
Geoffrey
– Justement, notre interview du jour va se focaliser sur la famille des pics, donc est-ce que vous pourriez nous parler de ces oiseaux ? Comment reconnaît-on les différentes espèces ?
Marco
– Pas de problème, on peut commencer avec le pic tridactyle ! Comme son nom l’indique cet oiseau n’a que 3 doigts à chaque patte, contrairement à la plupart des autres pics qui en ont 4. En général, les pics ont deux doigts pointés vers l’avant, et deux vers l’arrière, ce qui leur permet de s'agripper aux troncs à la verticale, mais le pic tridactyle n’a qu’un seul doigt pointé vers l’arrière.
Geoffrey
– Mais alors quel est l’avantage par rapport aux pics qui ont 4 doigts ? Est-ce que ça ne lui pose pas de problème de stabilité ?
Marco
– La raison de l’évolution de ces 3 doigts n’est pas encore bien comprise, mais la stabilité n’est pas vraiment un problème, car elle est garantie chez les pics par les plumes rigides de la queue qui se plaquent contre le tronc d’arbre.
Geoffrey
– Ah oui, elles servent de support.
Marco
– Exactement, les pics sont solidement agrippés et maintenus dans leur position verticale grâce à leurs pattes et à leur queue.
Geoffrey
– Et quelles sont les couleurs de ce pic tridactyle ?
Marco
– Il est principalement noir et blanc, et le mâle a une petite tache jaune sur la tête. Mais bien sûr, quand on observe un pic dans la nature, on est souvent bien plus bas que lui, donc on ne voit pas le sommet de sa tête… alors il peut être difficile de distinguer le mâle et la femelle.
Geoffrey
– Et quelles autres espèces de pics peut-on voir dans cette région alpine ?
Marco
– Les deux autres espèces de pics les plus abondantes dans ce milieu sont le pic noir et le pic épeiche.
Geoffrey
– Le pic noir est le plus gros des trois, c’est bien ça ?
Marco
– Absolument, c’est même la plus grosse espèce de pic du monde. Il peut atteindre 50 cm de long et 75 cm d’envergure, donc c’est à peu près la taille d’une corneille. Comme son nom l’indique, il est presque entièrement noir, excepté une calotte rouge qui couvre une bonne partie du haut de la tête et qui est assez visible.
Geoffrey
– Et ensuite il y a le pic épeiche, c’est ça ? Je crois que cette espèce est commune dans de nombreuses régions et qu’on peut la voir facilement dans les parcs et les jardins.
Marco
– C’est exact, le pic épeiche est également noir et blanc comme le pic tridactyle, mais leurs motifs sont différents, et il a une tâche rouge sur la nuque.
Geoffrey
– Et maintenant qu’on a une idée de l’apparence de ces oiseaux, je propose de parler un peu de leur comportement. J’imagine que nos auditeurices savent déjà que les pics sont connus pour marteler le tronc des arbres avec leur bec, et je crois que ce comportement a plusieurs fonctions. Est-ce que vous pourriez nous en dire plus ?
Marco
– En effet, c’est une caractéristique distinctive de ces oiseaux. La première fonction à laquelle on pense est alimentaire. Toutes sortes d’insectes et de larves vivent sous l’écorce des arbres et creusent des galeries dans le bois. C’est un endroit qui les met à l’abri de la plupart des prédateurs… sauf les pics ! En fait, les pics procèdent de cette façon : ils s’accrochent au tronc d’un arbre et tapotent l’écorce pour écouter l’écho renvoyé et localiser des proies.
Geoffrey
– Ah d’accord, donc ils ne commencent pas à marteler tout de suite.
Marco
– Non, ils doivent d’abord inspecter l’arbre pour trouver le meilleur endroit. Et lorsque ça sonne creux, c’est un bon indice de la présence de galeries. C’est seulement là qu’ils commencent à marteler à travers l’écorce, puis le bois, jusqu’à transpercer les galeries pour atteindre leurs proies.
Geoffrey
– C’est vraiment ça qu’on imagine quand on pense aux pics.
Marco
– C’est vrai. C’est un comportement vraiment particulier qui exige toutes sortes d'adaptations dont on pourra reparler plus tard.
Une autre fonction de ce comportement de martelage des arbres est de creuser des cavités. Les pics nichent dans des loges qu’ils peuvent se creuser eux-mêmes dans les arbres. Ils y pondent leurs oeufs et y élèvent leurs petits.
Tambourinage de pic épeiche.
Geoffrey
– Ah, je crois qu’on entend un pic au travail. Est-ce qu’on est capable de deviner ce qu’il est en train de faire ?
Marco
– Absolument ! Si on l’entend d’aussi loin, c’est parce qu’il est en train de communiquer. La troisième fonction de ces coups sur les arbres est une fonction sociale. Les pics frappent sur des troncs pour communiquer avec leurs congénères, c’est ce qu’on appelle le “tambourinage”. Ce bruit leur sert à marquer leur territoire en montrant qu’il est occupé, et ça leur permet également d’attirer un ou une partenaire, comme le ferait un oiseau qui chante.
Quand ils tambourinent, les pics font bien plus de bruits que quand ils cherchent à manger, puisque leur but est d’être entendus. Leurs coups ont un rythme spécifique, et on peut même reconnaître les espèces de pics à leur tambourinage. Celui qu’on entend actuellement est un pic épeiche. Chaque salve ne dure qu’une ou deux secondes, et le rythme s’accélère vers la fin de la salve.
Geoffrey
– Ah d’accord, alors c’est vraiment un message codé qui signale leur identité. Donc quand on entend un pic dans la nature, il n’est pas en train de se nourrir, mais plutôt de communiquer.
Marco
– Exactement, leurs coups pour déloger des larves sous l’écorce ne sont pas forcément très bruyants. Au contraire, ils s’appliquent à tambouriner sur des arbres creux pour faire un maximum de bruit lorsqu’ils veulent communiquer. Et on peut entendre ces tambourinages même en ville. J’ai par exemple observé un pic épeiche qui tambourinait sur une antenne parabolique pour faire un maximum de bruit !
Geoffrey
– Ah oui ! Ça peut paraître étonnant, mais s’il faut être entendu le plus loin possible, c’est une bonne idée.
Marco
– Absolument, les pics ne tambourinent pas sur des arbres au hasard, ils choisissent le plus adapté à cette tâche, comme un musicien qui choisit un instrument.
Geoffrey
– Donc on peut dire que ce tambourinage remplit chez les pics la fonction du chant chez d’autres espèces d’oiseaux.
Marco
– Tout à fait, les oiseaux chanteurs ont un organe qu’on appelle la syrinx, qui leur permet de produire des chants mélodieux et sophistiqués. Les pics en sont dépourvus, donc ils communiquent autrement. Mais ça ne veut pas dire qu’ils sont muets, ils émettent aussi des cris plus ou moins simples, et ça permet également de les repérer dans la forêt.
Cris de pic épeiche.
Marco
– Là, on entend les cris de notre pic épeiche de tout à l’heure, ce sont des cris assez brefs et percutants.
Cris de pic noir qui passe.
Marco
– Et cette fois, c’est un pic noir qui vient de passer. Son cri long et roulé est caractéristique.
Geoffrey
– On dirait que nos oreilles peuvent nous révéler bien plus de choses que nos yeux, surtout en forêt.
Marco
– Exactement, une oreille bien entraînée peut repérer ces oiseaux de très loin et reconnaître les différentes espèces.
Geoffrey
– Vous avez dit tout à l’heure que les pics ont des adaptations spéciales pour pouvoir marteler les arbres, et j’imagine qu’il faut un équipement particulier pour résister à des coups aussi violents… Pour n’importe quel autre animal, ce serait très dangereux de se fracasser la tête contre les arbres en permanence…
Marco
– C’est sûr ! Il y a tout de même d’autres oiseaux en dehors des pics qui sont des “excavateurs faibles”, comme la mésange boréale. Ces oiseaux sont capables de creuser des petits trous dans le bois pourri, mais c’est vrai que les pics sont les seuls à pouvoir frapper les troncs avec une telle violence. C’est un comportement vraiment extrême qui nécessite toute une série d’adaptations.
Tous les pics n’ont pas la même capacité à marteler le bois, certains sont de puissants excavateurs, comme le pic noir, qui peut creuser des cavités dans un bois solide et dense, tandis que d’autres préfèrent le bois pourri et plus mou.
La première adaptation qui leur permet de faire ça est leur cerveau. Il est assez petit et contient très peu de fluides comparé à d’autres animaux, il peut ainsi supporter de puissantes vibrations. Ils ont aussi un système osseux qui connecte la base du bec à leur épaule, ce qui permet de propager les vibrations directement dans leur corps plutôt que dans la tête. Enfin, on peut aussi parler de leur langue. Elle est extrêmement longue et vient s’enrouler autour de leur crâne, jusque derrière leur cerveau, elle crée ainsi un coussin qui absorbe les impacts.
Geoffrey
– Ah oui ! On peut voir ça comme un airbag, alors.
Marco
– Exactement. En plus, cette langue est couverte à son extrémité de petits crochets qui entrent en action lorsqu’un pic découvre une galerie dans le bois. Il projette sa langue en avant comme un dard et harponne les insectes cachés dans le bois.
Geoffrey
– C’est vraiment incroyable à quel point toute leur anatomie est adaptée à la vie en forêt et à leur alimentation si spécifique.
Marco
– En effet, les pics sont fortement associés à la forêt, mais il existe aussi certaines espèces qui vivent dans des environnements plus secs avec moins d’arbres, en Amérique, par exemple.
Geoffrey
– Ah oui, ça me rappelle que j’avais lu quelque chose à ce sujet dans l’Origine des Espèces de Darwin. Il parle d’une espèce de pic qui vit dans les plaines arides d’Amérique du Sud, dans des environnements sans un seul arbre. Pour Darwin, c’était une preuve que l’anatomie des espèces peut être un héritage de leurs ancêtres, et n’est pas forcément optimale à un l’instant T. C’était un argument contre la perfection supposée des espèces selon le point de vue du créationnisme.
Marco
– C’est vrai, il y a des espèces de pics américains qui creusent des trous dans des cactus et peuvent y installer leur nid. Ils adaptent leur anatomie tant bien que mal à la vie dans le désert.
Geoffrey
– Ah oui, ça doit être une bonne protection d’habiter dans un cactus !
Marco
– C’est sûr ! Mais en tout cas, la plupart des pics sont strictement forestiers, et on peut aussi le voir à leur manière de voler. Ce n’est vraiment pas leur point fort. Ils sont adaptés au vol sur de courtes distances, et ils ont une trajectoire ondulante caractéristique. Malgré ça, il y a tout de même quelques espèces de pics qui entreprennent des migrations saisonnières, notamment en Amérique.
Geoffrey
– Ah, je me posais justement la question. Et pour les pics européens, alors ?
Marco
– En Europe, les migrations ne sont pas très communes. On peut observer des déplacements au fil des saisons, mais ce ne sont pas vraiment des routes migratoires programmées génétiquement.
Geoffrey
– C’est peut-être aussi lié au fait que les pics se nourrissent de proies cachées sous l’écorce des arbres, ce qui peut leur permettre de passer l’hiver sans mourir de faim.
Marco
– Oui, c’est une théorie ! La température sous l’écorce des arbres est bien plus stable, et beaucoup d’insectes y passent l’hiver. C’est une ressource que les pics sont les seuls à pouvoir exploiter dans la forêt, donc c’est un gros avantage.
Geoffrey
– Au début de cette interview, vous avez dit que le pic tridactyle était généralement très rare, mais que dans certaines zones alpines, il devenait plus abondant que ses deux comparses, le pic noir et le pic épeiche. Est-ce que ça veut dire que le pic tridactyle est un meilleur compétiteur et prend le dessus sur les autres pics dans cet habitat ?
Marco
– C’est le genre de questions qu’on s’est posées. Notre idée est qu’il n’y a pas forcément d’exclusion compétitive, car le pic noir et le pic épeiche se dirigent souvent vers d’autres ressources alimentaires que les insectes vivants sous l’écorce. Le pic noir se nourrit souvent de fourmis, surtout les fourmis charpentières qui vivent dans les troncs des conifères morts. En général, il attrape ces fourmis au sol, et pas directement sous l’écorce. Quant au pic épeiche, il ne s’intéresse pas tant que ça aux épicéas morts, il préfère les arbres vivants car il peut y trouver des cônes riches en graines dont il est friand.
Geoffrey
– Ah oui, on peut parfois trouver dans la nature des cônes qui ont été totalement détruits par un pic.
Marco
– Exactement, le pic épeiche utilise son puissant bec pour les marteler et en extraire les graines.
Geoffrey
– Et donc ces trois espèces de pics ont des régimes alimentaires légèrement différents qui leur permettent d’éviter la compétition.
Marco
– C’est ça, leurs niches écologiques ne sont pas identiques.
Geoffrey
– Eh bien, je pense qu’on va pouvoir en rester là pour aujourd’hui, on a déjà une bonne première description de la famille des pics, et on pourra approfondir d’autres questions la prochaine fois. Mais avant de partir, je voulais vous demander si vous accepteriez de répondre aux questions que nos auditeurices se poseraient sur les sujets qu’on a abordés.
Marco
– Aucun problème, je répondrai avec plaisir.
Geoffrey
– Merci, Marco ! Dans ce cas, si vous avez des questions sur les sujets que nous avons abordés, n’hésitez pas à les poser en commentaire de cet épisode, et je les traduirai en anglais pour les poser directement à notre invité !
Transition
Merci à vous d’avoir suivi cet épisode des Échos du Loriot, on se retrouve dans le prochain épisode pour la deuxième et dernière partie de cette interview ! D’ici là portez-vous bien, et restez à l’écoute de la nature !